Je n’ai pas trop envie de commenter les soubresauts de la droite qui semble saisie des symptômes de l’agonie. Lisez votre journal habituel, ça se passe de commentaires.
C’est le retour en force du poujadisme qui me frappe le plus : vous êtes trop jeunes pour vous rappeler les slogans du mouvement d’extrême-droite qui permit la première élection de LE PEN à l’assemblée nationale en 1956 : “Sortez les sortants !” Or le Front National, que la fille a hérité du père, reprend désormais les mêmes recettes, plus tolérables que la nostalgie des anciens OAS, voire des anciens collabos ! Pourtant, en 1956, le “Front républicain”, dont la figure de proue était Pierre MENDES-FRANCE, avait remporté les élections malgré la percée poujadiste (52 députés et plus de 2 millions de voix quand même !) Mais la SFIO – le PS de l’époque -, tout à son combat de petits chefs, avait obtenu la désignation de Guy MOLLET, réputé plus à gauche que PMF, comme Président du Conseil (premier ministre). Et c’est ce gouvernement-là, élu pour obtenir la paix en Algérie, qui y fit la guerre et abandonna le pouvoir aux militaires. Lesquels, après le coup d’état du 13 mai 58, installèrent DE GAULLE aux commandes. Que le général les ait cocufiés ensuite, est une autre histoire.
Bien sûr, l’histoire ne repasse pas deux fois le même plat. Il n’empêche que la situation est loin d’être aussi favorable à la gauche qu’on pourrait le croire. Alors qu’aurait dû se produire un raz de marée rose à ces élections, on a vu nombre de cantons gagnés par une droite pourtant en mortes-eaux. C’est dire que la vague ne pousse guère les socialistes, parti de vieux notables dont les jeunes d’aujourd’hui se désintéressent. Face à la montée du poujadisme qui dénonce le “système”, le PS, en 2012, pourrait bien sortir encore une fois de son chapeau un(e) chef de file dont il a le secret, avec un charisme de hareng-saur et une politique d’anguille. Dans ce cas-là, ce ne serait pas l’anarchie qu’il faudrait craindre comme au XIX° siècle, mais le retour en force de la droite réactionnaire, le triomphe de l’individualisme, la défaite de la solidarité, bref : “Sauve qui peut !”