VALLS à trois temps…

MARTIN AURORE

1° temps : Manuel VALLS, le plus à droite des ministres de gauche, premier flic de France, veut faire son Sarkozy. Il fait partie de ces politiciens qui sont prêts à renier les convictions qui les ont fait élire pour complaire à ceux du bord opposé, et conforter leur popularité au Top 10 des instituts de sondage.

2° temps : il multiplie les déclarations va-t-en guerre contre les tueurs de Marseille ou de Corse et les voyous de banlieues diverses, fait expulser sans commentaires les prêcheurs islamistes planqués dans leurs mosquées et les roms installés dans des camps de fortune. Ainsi, après avoir adulé le ténébreux Guéant, les petits vieilles des beaux quartiers vont adorer le beau Manuel.

3° temps : hier, le ministre de l’intérieur, socialiste de circonstance, après son interview à El Païs promettant une guerre sans merci à l’ETA basque, fait arrêter la jeune Aurore MARTIN, 33 ans, à Mauléon (Pyrénées Atlantiques, France), son village, par la gendarmerie française qui l’extrade sur le champ, et la remet à la Guardia Civil espagnole : il a fallu moins de 5 heures pour ce tour de force.[1]

Que reproche-t-on à cette jeune femme ? D’appartenir à Batasuna, parti accusé de n’être que la vitrine légale de l’ETA qui, quoiqu’ayant renoncé à la lutte armée, n’a toujours pas officiellement déposé les armes. Tout le problème est là : si grâce à une loi espagnole de 2003, Batasuna est considéré comme une “organisation favorable au terrorisme” et interdite en tant que telle, ce n’est pas le cas en France. Or normalement, pour qu’un citoyen français soit extradé dans un autre pays, il est nécessaire qu’il y ait une double incrimination, c’est à dire que la législation reconnaisse comme crime le motif d’inculpation dans l’un comme dans l’autre pays, même quand a été lancé un “mandat d’arrêt européen”. Sauf dans un cas : le terrorisme. Et c’est ainsi qu’Aurore MARTIN, accusée d’appartenir à Batasuna, et soupçonnée d’avoir assisté à des réunions de cette organisation politique en Espagne, a été arrêtée en France et immédiatement expédiée dans les geôles espagnoles par Manuel VALLS, fils de républicains espagnols réfugiés en France à l’époque franquiste.[2]

A ma connaissance, c’est la première fois dans l’histoire qu’une citoyenne française est extradée sous l’accusation de “terrorisme”. Et il a fallu un ministre socialiste pour en arriver là. Ce que Sarkozy n’avait pas osé, Valls l’a fait !

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* On lira avec profit la tribune libre publiée dans « Le Monde » en 2011 par Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature, et Patrick Henriot, secrétaire national du Syndicat de la magistrature.

[1] Arrêtée à 16 heures dans son village, à Mauléon, elle a été livrée aux Espagnols à la frontière, à Biriatou, à 20 h 45.

[2] Elle risque jusqu’à 12 ans de prison selon la loi espagnole pour un délit dont elle est innocente en France.

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